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☆ Quels sont les différents moyens de réduire la dette d’un Etat théoriquement ?

La dette publique est pour beaucoup l’ennemi numéro 1 de la reprise économique en Europe à l’heure actuelle. Les débats sur les moyens de réduire cette dette sont courants. Cinq moyens sont souvent cités :

 

la croissance économique : plus de croissance signifie plus de rentrées fiscales. A taux d’imposition inchangé, si l’assiette de l’impôt est plus grande, les rentées fiscales seront plus grandes. Plus de richesses signifie donc plus de rentrées fiscales, et plus de rentrées fiscales signifie plus de moyens pour rembourser la dette.

 

L’ajustement fiscal ou l’austérité : en théorie, augmenter les impôts ou diminuer les dépenses (austérité) augmente le revenu de l’Etat et permet donc de rembourser une plus grande partie de la dette. Encore faut-il que cet ajustement fiscal ne mine pas la croissance au point que l’effet inverse ne se produise sur les revenus de l’Etat, ce qui est tout le débat à l’heure actuelle.

 

faire défaut sur une partie ou toute la dette – restructurer la dette : voir notre précédent éclairage à ce sujet « qu’entend-on réellement par restructuration de la dette souveraine ? ». Notons qu’un défaut partiel n’est pas « gratuit », il envoie un signal d’irresponsabilité à propos de l’Etat (celui-ci n’est pas capable de gérer ses finances) et donc atteint la crédibilité de l’Etat en question : qui voudra bien prêter à l’avenir à quelqu’un qui n’a pas remboursé ses dettes dans le passé ?

 

une inflation surprise : comme nous en avons parlé la semaine dernière sur cet éclairage, l’inflation diminue le poids de la dette. Le débat sur le caractère anticipé ou non de l’inflation et ses effets est un débat trop complexe pour être engagé ici, notons simplement qu’une inflation non anticipée par les agents économiques est censée avoir plus d’impacts sur les revenus de l’Etat (via les mécanismes à l’œuvre sur l’économie dans son ensemble) qu’une inflation anticipée.

 

la répression financière : la répression financière consiste à diriger de manière implicite ou explicite la demande des institutions financières vers la dette de l’Etat. En d’autres mots, ceux-ci sont forcés de manière plus ou moins explicite à acheter des titres d’Etat, à des conditions qui peuvent même parfois s’avérer avantageuses pour l’Etat. Même en l’absence de conditions d’achat particulières, la forte demande en bons du Trésor fait artificiellement baisser les taux d’intérêts sur la dette et donc les coûts d’emprunt de l’Etat, d’où l’effet bénéfique pour la dette de l’Etat au final.

 

 

 

Julien P.

 

 

Notes:

Pour aller plus loin, voir l’article de Reinhart et Rogof « Financial and Sovereign Debt Crises: some lessons learned and those forgotten »  duquel cet éclairage s’inspire

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