Economie de la Syrie

Avec l’arrivée de Bachar el Assad au pouvoir au début des années 2000, l’économie qui était sous contrôle de l’Etat, commence à connaître quelques vagues de libéralisation. Cette libéralisation concerne, entre autres, le développement du secteur bancaire. Cela se traduit par l’introduction  de banques privées en 2004, après 40 ans d’absence. 

 
En effet, avec la prise de pouvoir du parti syrien Baas, ce secteur était devenu un monopole. Le gouvernement décide aussi de libéraliser son commerce via divers accords :
- En 2007, est signé un accord de libre échange avec la Turquie. La Syrie adhère au Great Arab Free Trade Area (GAFTA) qui représente la zone de libre échange de la région.
- L' accord d’association  avec l’Union Européenne est signé en 2009
- En 2010, les démarches pour entrer au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce sont entreprises. C’est le secteur privé qui va profiter de cette dérégulation et permettre une tertiairisation de l’économie, avec le développement des services et, en particulier, du tourisme. 
 
Grâce à ces réformes, la reprise économique débute en 2004, la croissance, hors pétrole, croît de 5% entre le début des réformes et 2007.
En revanche, des difficultés subsistent. La contribution positive du pétrole à la croissance est sur une pente descendante, en particulier depuis le début des années 2000. D’importantes découvertes de pétrole ont lieu entre 1970 et 1990. Cette découverte devient un moteur de la croissance, des revenus fiscaux du pays et des exportations. Cependant, avec le temps ces réserves s’amenuisent et la Syrie devient le pays ayant le moins de réserves, en comparaison avec les exportateurs de la région, alors que la consommation domestique d’énergie progresse. Ainsi, le pays risque de faire face à un manque d’autosatisfaction et devoir importer du pétrole. Or, le cours étant de plus en plus élevé, le prix d’importation serait conséquent.
   
D’autres faiblesses se dessinent : les recettes fiscales fortement basées sur les hydrocarbures, un secteur industriel public obsolète, une fonction publique improductive avec des effectifs excessifs, des monopoles d’Etat dans divers secteurs (infrastructures, utilité publique). Point positif, l’agriculture est devenue du ressort privé et représente 35 % du Produit Intérieur Brut, hors hydrocarbures.
La Syrie doit continuer à développer ses réformes structurelles et, ce, dans différents domaines. Ces réformes sont essentielles pour renforcer le passage à l’économie de marché et abandonner l’économie sous contrôle de l’Etat. Le pays doit parvenir à améliorer le climat des affaires avec la réduction de la bureaucratie, la baisse des coûts d’entrée et de sortie des entreprises et améliorer le service public.
 
Apparition de tensions politiques au cœur du pays
 
Le président syrien Bachar el Assad est élu en 2000, son mandat sera reconduit en 2007 pour une durée de 7 ans. Depuis mars 2011, le régime du président est devenu la cible de nombreuses protestations et fait face à un soulèvement populaire. Ces contestations envers le gouvernement ont pour origines différentes explications. Tout d’abord, l’autoritarisme pesant du régime. Cet Etat policier se traduit par la libre répression du gouvernement et son caractère arbitraire. Une des autres motivations est le manque de perspective professionnelle pour la jeunesse. Des jeunes de plus en plus éduqués ne trouvent pas de métiers à la hauteur de leur qualification. Enfin, la corruption d’une large ampleur. Alors qu’une majeure partie de la population vit dans une grande pauvreté, un petit cercle entourant le président se partage les richesses du pays.
Aujourd’hui deux forces armées se livrent des combats acharnés au milieu de la population, la force régulière, pro-régime, et l’armée syrienne libre (ASL), opposée au régime et composée, entre autres, d’anciens membres de la force armée du pays.
 
Effets des tensions politiques sur l’activité économique
 
La guerre au sein de la Syrie a des conséquences dramatiques sur l’économie :
- Fuite des entreprises étrangères et chute du tourisme, un secteur clé de la croissance 
- Fuite des dépôts par crainte de faillite des banques et par nécessité pour certains citoyens
- Dépréciation de la monnaie nationale ce qui rend les importations bien trop chères et donc presque impossibles. Cela abaisse aussi le pouvoir d’achat des ménages de façon drastique entraînant une chute de la consommation ;
- Hausse de l’inflation touchant principalement les biens alimentaires ;
- Sanctions économiques: Pour protester contre la répression du gouvernement de Bachar el Assad, différents pays ont entrepris des sanctions économiques envers la Syrie. L’Union Européenne  entame le pas avec le gel des avoirs et  l’interdiction de visa à 181 personnes du gouvernement ou proches du gouvernement et impliquées dans la répression et à 54 entreprises ou administrations, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) a mis fin au financement des infrastructures syriennes. A cela, s’ajoutent la limitation d’exportations, l’embargo sur les livraisons d’armes et les importations syriennes notamment de pétrole. Or, il est essentiel de rappeler que le marché européen représente 95 % des exportations de pétrole syrien.
 
La Ligue arabe a aussi adopté des sanctions contre le pays dès 2011 avec la fin des liaisons aériennes avec la Syrie, le gel des comptes bancaires syriens qui se trouvent dans les différents pays arabes accompagné d’un gel des transactions commerciales, certains responsables syriens ne sont plus autorisés à aller dans les pays de la Ligue.
 
Les Etats-Unis utilisent le même type de sanctions.
 
Ces sanctions, bien qu’efficaces pour affaiblir l’économie du pays, comportent des effets pervers. Certains produits essentiels aux besoins vitaux commencent à manquer, entraînant l’apparition de marché noir qui est généralement bien contrôlé par le gouvernement. Le gouvernement syrien en place peut, face à une population fragilisée, remettre la faute sur l’Occident et sa décision de ne plus commercer avec la Syrie. Enfin, bien que quelques pays aient appliqué des sanctions économiques, cela n’est pas le cas de tous, et la Syrie peut trouver d’autres alliés. Rappelons que la Chine et la Russie ont mis leur droit de véto en juillet 2012 lors du Conseil de sécurité de l'ONU  au projet de résolution occidentale menaçant la Syrie de sanctions. C’est le troisième véto de ces deux pays.
 

Diplômé de l’Université Paris Dauphine en diagnostic économique, Sandrine El Hakim est économiste et a notamment évolué au sein d’un service d’études économiques comme macroéconomiste. Ses domaines d’intérêts portent sur l’économie internationale et les finances publiques.

Dans la même catégorie :

Standard Post with Image

La résilience de l’Afrique à la Covid-19 à l’épreuve de la crise économique, financière et sociale (Note)

Standard Post with Image

Le réemploi et la réutilisation solidaire (Etude)

Standard Post with Image

Insuffisance des financements afin d’atteindre les Objectifs du Développement Durable (Note)

Standard Post with Image

La finance islamique en Afrique : état des lieux et perspectives (Note)