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Marchés financiers et économie réelle : entre réflation et lowflation ? (Policy Brief)

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BSI Economics a organisé une nouvelle rencontre au Café de la Paix ce mardi 13 février 2018 pour échanger sur les perspectives de l’activité économique et les conditions de marchés depuis la récente hausse de la volatilité. Ces entretiens ont réuni un journaliste des Echos, une chef économiste dans l’assurantiel, un stratégiste en Asset management, un responsable d’études économiques institutionnel, deux économistes conjoncturistes et un économiste rattaché au gouvernement français.

 

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Marchés financiers et économie réelle : entre réflation et lowflation

Après une période de gains exceptionnels pour un mois de janvier, les marchés ont corrigé début février en réaction à un regain de volatilité lié à des positions Long VIX qui se sont débouclées en cascade amenant deux ETFs à stopper leur cotation en séance. C’est la hausse de la volatilité qui a fait le marché et non le marché qui a engendré cette volatilité. Les fondamentaux économiques restent solides tandis que les marchés maintiendraient leur dynamique vers une dynamique de reflation alliant accélération de l’activité, hausse du prix des matières premières, hausse graduelle des taux d’inflation et normalisation des taux d’intérêt. 

En conséquent, la récente correction sur les marchés est d’ordre technique et apporte un regain de confiance sur la capacité des marchés actions à poursuivre leur tendance haussière : la croissance des bénéfices attendue les douze prochains mois a augmenté aux États-Unis (de 12 à 15%), la valorisation est devenue plus attractive (PER de 19 à 18), et les supports techniques rendent opportun un repositionnement. 

Le dollar reste un point d’interrogation pour 2018. Les fondamentaux américains se renforcent et justifieraient une hausse de la monnaie américaine : les salaires accélèrent (de 2.7% à 2.9% en glissement annuel) renforcés par un marché du travail en perpétuelle amélioration, les anticipations de croissance pour 2018 sont révisées en hausse (2.5% de croissance) et les indices de confiance restent à des plus hauts (consommateurs et entreprises).

À contrario, les annonces répétées du gouvernement américain pour un dollar fort, un différentiel d’anticipation de croissance plus défavorable face à la zone euro contribuent à des positions nettes spéculatives acheteuses sur l’euro. Enfin, les niveaux actuels de l’indice dollar oscillent autour d’un support historique. Enfin, les principaux investisseurs anticipent dorénavant un Euro plus fort face au dollar fin 2018, proche de 1.30.

Du côté de l’économie réelle, plusieurs facteurs contrastent cependant avec les anticipations de reflation. En France et en Europe, la reprise reste modérée et le potentiel de croissance reste en dessous de son niveau de 2000 (1,4% en France en 2017 contre 1,9% en 2000).

 

Plusieurs raisons structurelles à cela sont à noter :

– Sur le marché du travail en premier lieu, où le chômage-gap pourrait être quasiment clos en France (9,4% en 2017). Un chômage structurel aussi élevé peut être expliqué par un fort taux de chômage des jeunes (25% en France contre 21% en Zone Euro, 7% en Allemagne), un grand nombre d’emplois vacants (130 000 en 2017) et une longue duration (16 mois contre 6 mois aux États-Unis).

– Au niveau du commerce extérieur, la France a subi une dégradation de sa balance commerciale de 20 Md€ en 2017 (-62,3 Md€), certes conjoncturelle car liée au renchérissement de la facture pétrolière et à la reprise, mais le déficit courant reste significativement un des plus dégradé de la zone euro.

– Au niveau budgétaire ensuite, la France subit le déficit le plus élevé de la zone en 2017 (-2,9% contre -2,4% en Italie) et la remontée possible des taux longs fait peser le risque d’un renchérissement de la dette : un choc de taux de 1% augmenterait la charge d’intérêts de 6,9Md€ (+0,3 points de déficit) d’ici 2020

 

Au niveau européen, l’environnement monétaire est toujours accommodant et les taux resteront à priori inchangés en 2018, ce qui accroît l’endettement des agents privés (au plus haut depuis 2000) et les risques de bulle.  Le phénomène de « lowflation » (taux d’inflation continuellement bas malgré une croissance positive) pourrait donc persister en Europe, et la transmission de l’inflation salariale à l’inflation des prix n’est pas assurée.

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