Libor aux US et Effet des taux négatifs au Japon

Aux Etats-Unis, le Libor 3 mois augmente dans des proportions équivalentes à une hausse des taux FED Fund – mais pour des raisons réglementaires 

Dans l’attente d’une hausse prochaine des taux Fed Fund, le taux Libor à 3 mois s’est apprécié de 20 points, soit un niveau équivalent à celui observé lors de la dernière hausse des taux Fed Fund en décembre 2015. Dans un premier temps, un pricing anticipé du taux Libor 3 mois sur la hausse des taux Fed Fund semblait être un facteur explicatif. Pourtant, la hausse ne résulte pas de conditions économiques ou financières mais d’un nouveau cadre réglementaire sur le marché monétaire américain qui a eu l’effet d’un resserrement monétaire sur le Libor 3 mois. La SEC (Securities and Exchange Commission, Etats-Unis) obligera en novembre les fonds sur les marchés monétaires américains à communiquer la valeur liquidative variable de leurs actifs (NAV).Si ces fonds disposent de moins de 30% d’actifs liquidables sous 5 jours, la SEC pourrait prélever une commission de 2% dans le cadre sa politique de stabilité financière. Auparavant, ces fonds sur les marchés monétaires devaient uniquement respecter une règle de valeur liquidative constante évaluée à un dollar. Cette nouvelle réglementation a conduit les fonds a reporté leur demande de fonds monétaires pour les billets de trésorerie et certificats de dépôts des banques (Prime Money Market Funds), au profit des fonds monétaires diversifiés qui comprennent des billets de trésorerie, des certificats de dépôts mais également des Treasuries bills. A noter que plus de 18% des fonds sur le Prime Market Funds proviennent de France contre 13% des Etats-Unis, 13% du Canada, 11% du Japon et 5% du Royaume-Uni. La hausse du taux Libor 3mois à 0.85% (+20bp) s’est traduite par une baisse de la demande internationale pour la dette libellée en dollars. Parallèlement, les taux d’intérêt réels américains ont diminué suite à une révision à la baisse des anticipations d’inflation sur l’économie américaine. Ces deux effets sont porteurs d’un environnement baissier pour le dollar américain. 

La Banque du Japon mesure l’effet du taux négatif et justifie sa politique de Yield Curve Control

La Banque du Japon a fourni un document intéressant pour justifier les effets des taux d’intérêt négatifs et sa nouvelle politique monétaire de Yield Curve Control. Les taux négatifs auraient ainsi contribués à une correction de 24 points de base sur le rendement de la dette souveraine obligataire japonaise, comme présenté dans le graphique ci—dessous. La contribution négatives des taux négatifs serait : (1) équivalente en absolu à la contribution positive des taux de rendement sur la dette souveraine américaine maturité 10 ans, (2) cinq fois plus importante que la part de marché de la BoJ sur le marché des dettes souveraines japonaises – ce qui n’empêche pas ce dernier facteur d’expliquer une baisse 60 points de base sur le rendement 10 ans en raison des achats cumulés et réguliers menés par la BoJ. Seules les anticipations sur la croissance du PIB réel ont un effet supérieur sur le rendement 10 ans (34bp).

La courbe de rendement naturel permet de mesurer l’impact d’une baisse du taux d’intérêt réel sur l’écart de production. Une nouvelle régression montre que cette relation peut être expliquée par les rendements obligataires souverains américains à 10 ans, l’inflation en glissement annuel hors prix alimentaires et le ratio du nombre d’emploi disponible sur l’ensemble des actifs en recherche d’emploi. La conclusion est que le coefficient sur l’output gap est 7 fois plus important sur les courtes maturités que sur les moyennes et longues maturités. L’économie japonaise serait donc significativement plus sensible aux taux à maturité 1 an et 2 ans qu’au taux 10 ans, ce qui justifieraient un Yield Curve Control sur et au-delà des obligations 10 ans (avec un rendement ciblé autour de 0%).

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