Fonds d'épargne à long terme allemand

FLASH BSI ECONOMICS– 26 février 2014

Actualités: Dans un article publié début janvier, Olivier Garnier (chef économiste à la Société Générale), Daniel Gros (directeur du Centre for European Policy Studies) et Thomas Mayer (conseiller économique à la Deutsche Bank) ont exprimé les avantages qu’aurait la création de fonds d’épargne (allemands) pour gérer les déséquilibres extérieurs entre l’Allemagne et les pays périphériques de la zone euro. Pourquoi un tel mécanisme pourrait-être appliqué de l'Allemagne vers les pays de la périphérie?

[…afin d'assurer un meilleur recyclage du surplus structurel de la balance courante de l'Allemagne, nous proposons la mise en place dans ce pays de fonds d'épargne à long terme qui investiraient des capitaux propresdans la périphérie de la zone euro et qui bénéficieraient d'une garantie de l'Etat allemand. D'un côté, ces investissements seraient favorables à la croissance à long terme des économies de la périphérie. De l'autre, ils offriraient aux épargnants allemands un rendement plus attractif que celui qui résulte du taux d'intérêtnul auquel sont rémunérés les dépôts que les banques allemandes sur-accumulent stérilement auprès de la BCE. La garantie de l'Etat, nécessaire pour surmonter l'aversion au risquedes épargnants allemands, n'augmenterait pas pour autant l'exposition des contribuables sur la périphérie, puisque les sorties de capitaux induites par ces fonds réduiraient la position créditrice Target2 de la Bundesbank.]

« Il faut convertir les dettes de la zone euro en capital »

Si l’on regarde l’évolution des positions extérieures depuis le déclenchement de la crise, on constate effectivement que c’est le poste « autres investissements » (qui inclue la position Target2) qui a absorbé l’essentiel de la dégradation de la position extérieure nette des pays périphériques (graphique 3). La structure de ces positions extérieures révèle le manque de stabilité des expositions étrangères dans certains pays. Le niveau de dette extérieure nette, (qui mesure l’endettement des nations en excluant les postes les moins volatiles) de l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce révèle une position qui est financièrement potentiellement instable vis-à-vis de l’extérieur (graphique 4). Cela explique pourquoi l’Italie a subi une fuite de capitaux et une chute de sa position Target2 très importante, alors que sa position extérieure n’est pas excessivement dégradée.

Parmi les pays périphériques, l’Irlande est un cas à part : le pays présente une dette extérieure nette très négative, ce qui signifie que malgré le niveau de sa position extérieure nette globale (négatif), l’Irlande possède une créance sur l’extérieur si l’on exclue certains postes du calcul. Cela signifie que son économie est « investie durablement » par les investisseurs étrangers, et notamment européens. A l’opposé, on constate que les Pays-Bas présentent une dette extérieure nette, alors que leur position extérieure est largement créditrice. Ce n’est pas le cas de l’Allemagne, c’est pourquoi la création d’un mécanisme afin de rediriger ses excédents vers les pays périphériques d’une manière durable est l’une des clés de la réintégration financière européenne.

La mise en place de fonds d’épargne en Allemagne tels que décrits précédemment dirigerait une partie de sa capacité de financement vers des investissements à caractère durable dans les pays périphériques. En augmentant la part des postes en jeu dans ce processus dans les positions extérieures des pays de la zone euro, l’Union économique et monétaire s’exposerait à des reflux financiers potentiels moins importants en période de tensions. Les positions Target2 des banques centrales nationales s’en trouveraient moins impactées, et les chocs de liquidités seraient moins aigus dans les pays endettés vis-à-vis de leurs partenaires monétaires.

Clément B.

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