☆ Pourquoi (ne pas) considérer les obligations d’Etat comme des actifs sans risque ?

Les obligations d’Etat sont supposées offrir un rendement positif avec un risque très faible

Les obligations d’Etat sont émises sur le marché primaire des dettes souveraines obligataires, puis négociées sur le marché secondaire des dettes souveraines obligataires. L’Etat (l’emprunteur) s’endette à taux fixe ou variable sur une maturité donnée auprès des investisseurs (créanciers) sur les marchés financiers.

Les obligations d’Etat sont généralement considérées comme moins risquées que les obligations d’entreprises puisque les Etats ont en théorie une probabilité d’événement de crédit plus faible (ce risque est quantifié puis hiérarchisé par les agences de notation) ce qui garantit le capital investit. Un taux d’intérêt, généralement fixe, et la faible volatilité permettent aux obligations d’Etat d’être considérées comme des actifs « moins » risqués que certaines valeurs mobilières comme les actions. L’investisseur offre son capital contre un taux d’intérêt réel qui est  (1) croissant avec le taux d’intérêt nominal, (2) décroissant avec le taux d’inflation et (3) croissant avec la prime de risque. Le faible risque d’insolvabilité d’un Etat justifie une faible prime de risque donc le caractère « moins » risqué d’une obligation d’Etat.

L’évolution des primes de risque justifie le débat sur le caractère « moins » risqué des obligations d’Etat

En zone euro, les risques d’insoutenabilité des finances publiques de plusieurs grands émetteurs comme l’Italie ou l’Espagne en 2012, associés au risque politique et/ou institutionnel, ont contribué (1) à une dégradation des notes assignées par les agences de notation à certaines dettes souveraines et (2) à une augmentation du risque d’effet contagion sur le marché des dettes souveraines. D’où une augmentation des primes de risque. Appliquée à des maturités de court terme, certaines courbes de taux se sont « inversées » : l’investisseur obtient un taux d’intérêt plus important en prêtant à court terme qu’à long terme mais assume un risque de non-remboursement plus significatif. Ce fût le cas de la dette souveraine du Portugal qui était début 2012 un actif plus risqué sur de courtes maturités.

S’il est coutume de considérer les obligations d’Etat comme des actifs « sans risque », on peut voir que la crise, en Zone Euro notamment, a modifié la donne. Il n’est plus rare de trouver des obligations d’entreprises multinationales bénéficiant de taux d’intérêts moins élevés que ceux de certains Etats de l’OCDE. Ce constat amène à une redéfinition de l’actif sans risque.

AJ

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