Le New Space au service du développement durable (Billet)

Qu’est-ce que le « New Space » ?

Le « New Space » désigne la dynamique actuelle de l’industrie aérospatiale relancée par un nombre croissant d’initiatives du secteur privé opérant des satellites de plus en plus performants, exploitant de plus en plus les images qui en sont issues grâce à l’Internet des Objets, facilitant l’accès à ces informations et réduisant leurs coûts. Ce phénomène, initié aux Etats-Unis à la fin des années 1990, s’est propagé à l’Europe, où de plus en plus d’acteurs tels que des start-ups ont investi ce champ, avec notamment le soutien de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), enrichissant ce secteur de nouvelles technologies issues du numérique, du Big Data ou de l’aéronautique.

Quelles sont les apports du New Space ?

Si le champ d’application de telles technologies satellites était à l’origine militaire et centré sur des enjeux d’ordre stratégique, un nombre croissant d’opportunités émerge pour de telles technologies, qui constituent une source d’informations très riches et dont le potentiel est encore largement méconnu et sous-exploité.

L’Observation de la Terre par Satellite, en particulier grâce aux nouvelles possibilités offertes par le New Space, présente ainsi de nombreux avantages par rapport à d’autres sources d’informations. Tout d’abord, l’accès à de telles données est moins coûteux, notamment en raison de la miniaturisation et de la simplification des satellites et des instruments, en particulier grâce à l’essor de l’Intelligence Artificielle. Ces informations sont également plus précises (niveau de résolution) et ont une fréquence d’observation démultipliée voire en quasi temps réel (taux de revisite). Elles sont en outre fournies à une échelle macroscopique, permettant ainsi la comparabilité de ces données dans le temps et l’espace. De plus, le développement de nouvelles technologies satellites d’Observation de la Terre intégrables dans des nanosatellites, telles que le multispectral, l’hyperspectral, le radar ou encore l’infrarouge, permet de fournir des informations inédites sur des éléments jusqu’alors inobservés, tels que la mesure d’émission de gaz à effet de serre, l’état des fonds marins ou encore la santé des terres agricoles.

La technologie satellite contribue ainsi de plus en plus aux enjeux économiques et environnementaux. D’une part, elle permet d’améliorer le « Nowcasting », qui correspond à la prévision en temps réel de variables macroéconomiques telles que le Produit Intérieur Brut (PIB) ou l’inflation. Les données satellites fournissent des informations relatives au trafic maritime, à la luminosité nocturne ou encore au stationnement des véhicules dans les centres commerciaux, permettant d’améliorer ce type de prévision. D’autre part, la technologie satellite constitue un puissant outil de mesure de l’état de l’environnement, permettant d’en dresser un état de lieu et ainsi de répondre aux problématiques du développement durable et du changement climatique, dont l’intérêt actuel n’est plus à démontrer.

Quelles sont les perspectives pour le New Space ?

Le marché émergent et à fort potentiel de l’Observation de la Terre offre de belles perspectives au New Space. Sur ce marché représentant plus de 70 Mds USD en 2020 au niveau mondial, l’offre évolue de la mise à disposition de données à celle de véritables services d’intelligence économique, environnementale et stratégique. De plus, les initiatives privées européennes s’inscrivant dans la mouvance « New Space » sont à l’heure actuelle fortement encouragées par les pouvoirs publics.

Quels sont les gains associés à l’Observation de la Terre par satellite ?

L’Observation de la Terre par satellite est associée à un retour sur investissement considérable. En effet, à l’inverse d’autres progrès technologiques, cette dynamique contribue à la création de nombreux emplois sans pour autant en détruire d’anciens. De plus, ces emplois créés sont très qualifiés et sont donc associés à des gains en termes de productivité. Par ailleurs, les solutions apportées par de telles technologies en particulier dans le domaine environnemental permettraient également des gains économiques et sociaux. A titre d’exemple, l’Observation de la Terre par satellite permettrait de mieux prévoir, anticiper et gérer les catastrophes naturelles, dont l’occurrence a coûté 3,54 Mds USD entre 1999 et 2018 et fait 108 M de victimes en 2018 au niveau mondial.

Sandra Nevoux est Économiste / Chercheur en Banque Centrale. Elle est Docteur en Économie de l’École Polytechnique. Elle a effectué sa thèse sur la problématique de l’Activité Partielle. Ses domaines de recherche incluent l’Économie du Travail, la Microéconomie Appliquée, l’Économie Publique, l’Économie Géographique, la Productivité et les Catastrophes Naturelles. Dans le cadre de son doctorat, elle a été affiliée au Centre de Recherche en Économie et Statistique (CREST) et a également travaillé au sein de la Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES) du Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social. Elle est diplômée du Master de Recherche en Économie et Politiques Publiques de l’École Polytechnique, l’École Nationale de la Statistique et de l’Administration Économique (ENSAE) et l’Institut d’Études Politiques de Paris (Sciences Po). Elle est également certifiée par la formation continue de l’ENSAE en Science de la Donnée.

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