☆☆ strong ou weak fiscal dominance ? Quelle nuance ?

Dans les débats récents : Nous complétons notre éclairage de la semaine passée consacré à ce thème. Le concept de « fiscal dominance » revient au centre des attentions des banquiers centraux. Il y a deux semaines, la BIS (la « banque centrale des banques centrales ») organisait un séminaire de travail réunissant plusieurs banquiers centraux entièrement consacré à ce sujet

La « strong fiscal dominance » ou forte dominance budgétaire décrit une situation où la banque centrale, devant les problèmes budgétaires de l’Etat, se voit directement forcée de monétiser la dette de l’Etat au point où l’on peut raisonnablement anticiper que l’inflation résultante sera supérieure à l’inflation ciblée (c’est la définition usuellement employée pour le concept de « fiscal dominance »).

Ce que l’on pourrait qualifier de « weak fiscal dominance » (reprenant la définition donnée par Willem Buiter, chef économiste de Citigroup) décrit une situation un peu plus floue, où la banque centrale se verrait obligée de fournir de l’aide à l’Etat, ou bien interviendrait dans le marché en aidant par là indirectement l’Etat, sans que ceci n’entre en opposition avec son objectif d’inflation.

Certains observateurs ont par exemple parlé de "weak fiscal dominance" lors du SMP (Security Market Program) de la BCE : celle-ci, en achetant des obligations grecques, portugaises et espagnoles notamment, a directement fourni une aide aux Etats, en se targuant d’agir pour « réparer les canaux de transmission de sa politique monétaire » (argument qu’on ne peut lui enlever, étant donné que la prime de risque très élevée dans ces Etats empêchait une baisse des taux directeurs de se transmettre aux taux d’intérêts emprunteurs).

La même suspicion de « weak fiscal dominance » pourrait s’appliquer aux LTROs de la BCE : la BCE a fourni via ce programme des liquidités importantes aux banques (2 programmes de 500 milliards environ), qui les ont elles prêté aux Etats via leurs achats de bons du Trésor. Faisant ainsi, elle a indirectement aidé les Etats. Etait-ce un des objectifs venant en réponse à un ajustement budgétaire insuffisant de la part de certains pays ? Officiellement non, d’où des « suspicions » possibles seulement.

J.P.

BSI Economics est un think tank de réflexion sur l'économie et la finance, créé en 2012, qui contribue à ouvrir et améliorer les débats en mettant au service des décideurs et des citoyens des réflexions indépendantes sur les nouvelles tendances économiques et financières.

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