La Minute BSI Economics : « Le choc actuel sera inférieur à celui de 2008 pour l’immobilier français » (Interview)

Arno Fontaine, économiste chez Natixis et BSI Economics, répond à 3 questions sur la crise liée à la pandémie de COVID-19.


BSI Economics - Quels seront les effets du choc actuel sur le marché immobilier français ?

Arno Fontaine - Le marché immobilier, comme les autres secteurs de l’économie, sera indéniablement impacté par la crise du coronavirus. Au-delà de la chute brutale des transactions qui sera observée au cours des 2 premiers trimestres de 2020 (mesures de confinement, arrêt du secteur de la construction), les ménages auront tendance à augmenter leur épargne de précaution diminuant de ce fait les investissements pour 2020 et 2021.

Néanmoins, au-delà de ces effets conjoncturels majeurs, la crise actuelle ne constituera pas un choc comme l’a été celui de 2008 pour le marché immobilier français. La diminution des investissements ne provoquera pas un phénomène de baisse durable des prix pendant plusieurs années et le marché immobilier pourrait même être considéré comme une valeur refuge pour les ménages, avec un rebond plus important qu’avant la crise. 


Dans quels secteurs devons-nous attendre le plus de destructions d'emploi ?

Certains secteurs sont durement touchés par la crise (transport, tourisme, divertissements). Ceux-ci vont devoir licencier un grand nombre de salariés jusqu’à la fin de la crise avant de redémarrer de manière assez rapide une fois les conditions établies. Ces secteurs sont en effet moins cycliques que l’industrie et le secteur primaire, pour qui la productivité va fortement diminuer dans les mois à venir en raison des obligations sanitaires de distanciation physique. Cela pèsera, à terme, sur leur chiffre d’affaire et sur les licenciements sur un temps plus long. 

Autre élément : la crise actuelle devrait accélérer la robotisation de certaines entreprises qui pourraient, à terme, détruire un certain nombre d’emplois. 

Quelle politique économique instaurer à la suite de la crise du coronavirus ?

Après la crise, les entreprises se seront fortement endettées et vont avoir besoin de mettre en place un certain nombre de plans d’économies budgétaires. Cela impliquera une baisse des investissements, une hausse du chômage et un effet boule de neige néfaste pour l’économie. 

Les gouvernements doivent donc soutenir la production des entreprises avec des mécanismes d’aides et de baisses d’impôts (par exemple impôt sur la production) ainsi que renforcer les politiques de l’emploi, et en particulier de l’emploi des jeunes. 

Sur un temps plus long, il faudra penser à des relocalisations d’industries stratégiques, à des politiques de verdissement de l’économie et à mieux penser des investissements vers des secteurs nécessaires pour le long terme (santé, environnement, formation et éducation, etc.). 

Diplômé de Paris II Panthéon Assas et de Sciences Po Grenoble, Arno Fontaine travaille en tant que consultant en transformation publique et citoyens au sein de l'Agence Française de Développement à Paris. Après avoir été en charge de l'instruction et du suivi des projets liés à la gouvernance économique et financière à Jakarta, il apporte désormais un appui transversal et travaille sur la manière d’intégrer l’économie du comportement au sein des différents projets du Groupe AFD. Arno a été économiste pour la France au sein de Natixis et est professeur d'économie à l'Institut Supérieur de Gestion. Ses domaines d'intérêt portent sur les politiques de développement, l’économie comportementale et la politique monétaire.

Dans la même catégorie :

Standard Post with Image

Croissance en Chine : ne pas confondre défiance et vigilance (2/2) (Note)

Standard Post with Image

Croissance en Chine : ne pas confondre défiance et vigilance (1/2) (Note)

Standard Post with Image

Les Enjeux du Commerce International du Plastique : Défis et Perspectives

Standard Post with Image

Budget européen : vers une évolution, pas une révolution (Policy Brief)